Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/107

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terait une charge personnelle, restreinte à l’obéissance personnelle ! La patrie n’aurait pas de droits sur l’âme du soldat !

L’anarchie est là comme dans tout, l’anarchie morale à côté de l’anarchie matérielle. Le véritable honneur militaire ne semble pas avoir jamais été défini dans l’histoire de notre siècle. C’est par le résultat que nous jugeons la conduite des généraux, et chaque juge en décide à son point de vue. En haine de la république, Moreau passe à l’ennemi ; mais il se persuade que c’était son devoir, et il le persuade aux royalistes. Il croyait sauver la bonne cause, le pays par conséquent ! Il y a donc deux consciences pour le militaire ? Moreau a eu son parti, qui l’admirait comme le type de la fidélité et de la probité. Napoléon a été trahi ou abandonné par ses généraux. Ils ont tous dit pour se justifier :

— Je servais mon pays, je le sers encore, je n’appartiens qu’à lui.

Bien peu d’officiers supérieurs ont brisé leur épée à cette époque en disant :