Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/118

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l’Europe, c’est-à-dire le plus effacé, le plus abruti des citoyens du monde ; il représente l’âge de bronze ; il tue la France, sa sœur et sa fille ; il l’égorge, il la détruit, et, ce qu’il y a de plus honteux, il la vole ! Chaque officier de cette belle armée, orgueil du nouvel empire prussien, est un industriel de grande route qui emballe des pianos et des pendules à l’adresse de sa famille attendrie !

Ce sont des représailles, disent-ils, c’est ainsi que nous avons agi chez eux ; nous y avons mis moins d’ordre, de prévoyance et de cynisme, voilà tout. — C’est déjà quelque chose, mais nous n’en avons pas moins à rougir d’avoir été hommes de guerre à ce point-là. Si quelque chose peut nous réhabiliter, c’est de ne plus l’être, c’est de ne plus savoir obéir à la fantaisie belliqueuse de nos princes. Nous avons encore l’élan du courage, la folie des armes, la tradition des charges à la baïonnette. Nous savons encore faire beaucoup de mal quand on nous touche ; nous pourrions dire aux Allemands :