Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/121

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monde un spectacle que vous ne sauriez comprendre aujourd’hui, mais que vous admirerez quand vous serez dignes d’en donner un semblable.

Allez, bons serviteurs des princes, admirables espions, pillards émérites, modèles de toutes les vertus militaires, levez la tête et menacez l’avenir ! Vous voilà ivres de nos malheurs et de notre vin, gras de nos vivres, riches de nos dépouilles ! Quelles ovations vous attendent chez vous quand vous y rentrerez tachés de sang, souillés de rapts ! Quelle belle campagne vous aurez faite contre un peuple en révolution, que de longue date vous saviez hors d’état de se défendre ! L’Europe, qui vous craignait, va commencer à vous haïr ! Quel bonheur ce sera pour vous d’inspirer partout la méfiance et de devenir l’ennemi commun contre lequel elle se ligue peut-être déjà en silence !

Mais quel réveil vous attend, si vous poursuivez l’idéal stupide et grossier du caporalisme, disons mieux, du krupisme ! Pauvre Allemagne