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des savants, des philosophes et des artistes, Allemagne de Goëthe et de Beethoven ! Quelle chute, quelle honte ! Tu entres aujourd’hui dans l’inexorable décadence, jusqu’à ce que tu te renouvelles dans l’expiation qui s’appelle 89 !


Lundi 17 octobre.


Le froid se déclare, et nous entrons en campagne. Pourvu qu’après la chaleur exceptionnelle de l’été nous n’ayons pas un hiver atroce ! Ils auront aussi froid que nous, disent les optimistes ; c’est une erreur : ils sont physiquement plus forts que nous, ils n’ont pas nos douces habitudes, notre bien-être ne leur est pas nécessaire. L’Allemand du nord est bien plus près que nous de la vie sauvage. Il n’est pas nerveux, il n’a que des muscles ; il a l’éducation militaire, qui nous a trop manqué. Il pense moins, il souffrira moins.

Ils approchent, on dit qu’ils sont à La Motte-Beuvron. On a peur ici, et c’est bien permis, on