Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/132

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intelligences prusso-allemandes. Pourtant ces choses-là ne s’improvisent pas dans la situation désespérée où nous sommes, et c’est avec un profond déchirement de cœur que je vois partir notre jeune monde, si frêle et si dorloté.

Ils partent, nos pauvres enfants ! ils veulent partir, ils ont raison. Ils avaient horreur de l’état militaire, ils songeaient à de tout autres professions ; mais ils valent tout autant par le cœur que ceux de 92, et à mesure que le danger approche, ils s’exaltent. Ceux qui étaient exemptés par leur profession la quittent et refusent de profiter de leur droit ; ceux que l’âge dispense ou que le devoir immédiat retient parlent aussi de se battre et attendent leur tour, les uns avec impatience, les autres avec résignation. Il en est très-peu qui reculeraient, il n’y en a peut-être pas. Tout cela ne ravive pas l’espérance ; on sent que l’on manque d’armes et de direction. On sent aussi que l’élément sédentaire, celui qui produit et ménage pour l’élément militant, est abandonné au hasard des circonstances. Il fau-