Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/167

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erreurs, comme j’ai défendu Napoléon III jusqu’au bout. Nous nous sommes brouillés, vous et moi, au lendemain de 48 ; vous vous battiez, vous vous proscriviez les uns les autres. On nous a dit :

» — L’empire c’est la paix.

» Nous avons voté l’empire, c’est nous qui punissons les partis, quels qu’ils soient. Nous punissons brutalement, c’est possible. D’où nous sommes, nous ne voyons pas les nuances, et d’ailleurs nous ne sommes pas assez instruits pour comprendre les principes, nous n’apprécions que le fait. Arrangez-vous pour que le fait parle en votre faveur, nous retournerons à vous.

Le fait ! le paysan ne croit pas à autre chose. Tandis que nous examinons en critiques et en artistes la vie particulière, le caractère, la physionomie des hommes historiques, il n’apprécie et ne juge que le résultat de leur action. Dix années de repos et de prospérité matérielle lui donnent la mesure d’un bon gouvernement. À travers les malheurs de la guerre, il n’aperce-