Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ves. Il ne se paye pas de gloire, il ne croit pas aux promesses ; il lui faut la liberté individuelle et la sécurité. Il se passe volontiers des secours et des encouragements de la science ; il ne les repousse plus, mais il veut accomplir lui-même et avec lenteur son progrès relatif.

— Laissez-moi mon champ, dit-il, je ne vous demande rien.

Nul n’est plus facile à gouverner, nul n’est plus impossible à persuader. Il veut avoir le droit de se tromper, même de se nuire ; il est têtu, étroit, probe et fier.

Son idéal, s’il en a un, c’est l’individualisme. Il le pousse à l’excès, et longtemps encore il en sera ainsi. Il est un obstacle vivant au progrès rapide, il le subira toujours plus qu’il ne le recevra ; mais ce qui est démontré le saisit. Qu’il voie bien fonctionner, il croit et fonctionne : rien sans cela. Je comprends que ce corps, qui est le nôtre, le corps physiologique de la France, gêne notre âme ardente ; mais, si nous nous crevons le ventre, il ne nous poussera pas pour