Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/174

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de l’urne avec son sourire de paternité narquoise, lui dira :

— C’est trop tôt, ou c’est trop de projets à la fois ; nous verrons cela aux prochaines élections. Je ne dis pas non ; mais il ne me plaît pas encore. Vous êtes le cheval qui combat, je suis le bœuf qui laboure.

Il pourrait dire aussi et il dira quand il saura parler :

— Vous êtes l’esprit, je suis le corps. Vous êtes le génie, la passion, l’avenir ; je suis de tous les temps, moi ; je suis le bon sens, la patience, la règle. Vouloir nous séparer, détruire l’un de nous au profit de l’autre, c’est nous tuer tous les deux. Où en seriez-vous, hommes de sentiment, représentants de l’idée, si vous parveniez à m’anéantir ? Vous vous arracheriez le pouvoir les uns aux autres ; vos républiques et vos monarchies seraient un enchaînement de guerres civiles où vous nous jetteriez avec vous, et où, sans la liberté du vote, nous serions encore les plus forts. Cette force irrégulière, ce serait la jacque-