Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/176

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Nohant, 6 novembre.


Me voilà revenue au nid. Je me suis échappée, ne voulant pas encore amener la famille ; je retournerai ce soir à La Châtre, et je reviendrai demain ici. J’en suis partie il y a deux mois par une chaleur écrasante, j’y reviens par un froid très-vif. Tout s’est fait brutalement cette année. — Pauvre vieux Nohant désert, silencieux, tu as l’air fâché de notre abandon. Mon chien ne me fait pas le moindre accueil, on dirait qu’il ne me reconnaît pas : que se passe-t-il dans sa tête ? Il a eu froid ces jours-ci, il me boude d’avoir tant tardé à revenir. Il se presse contre mon feu et ne veut pas me suivre au jardin. Est-ce que les chiens eux-mêmes ne caressent plus ceux qui les négligent ? Au fait, s’il est mécontent de moi, comment lui persuaderais-je qu’il ne doit pas l’être ? J’attise le feu, je lui donne un coussin et je vais me promener sans lui. Peut-être me pardonnera-t-il.