Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/252

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sentiment toutes les nuances si tranchées, si hostiles les unes aux autres, des partisans de la république. Au début, nous l’avons tous accueilli avec cette ingénuité qui caractérise le tempérament national. C’était un homme nouveau, personne ne lui en voulait. On avait besoin de croire en lui. Il est descendu d’un ballon frisant les balles ennemies, incident très-dramatique, propre à frapper l’imagination des paysans. Dans nos contrées, ils voulaient à peine y croire, tant ce voyage leur paraissait fantastique ; à présent, le prestige est évanoui. Ils ont ouï dire qu’une quantité de ballons tombaient de tous côtés, ils ont reçu par cette voie des nouvelles de leurs absents, ils ont vu passer dans les airs ces étranges messagers. Ils se sont dit que beaucoup de Parisiens étaient aussi hardis et aussi savants que M. Gambetta, ils ont demandé avec une malignité ingénue s’ils venaient pour le remplacer. Au début, ils n’ont fait aucune objection contre lui. Tout le monde croyait à une éclatante revanche ; tout le monde a tout donné.