Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/300

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sang, a raison de ne pas aimer les avocats.


10 février.


À présent que les communications régulières sont rétablies ou vont l’être, je n’ai plus besoin de mes propres impressions pour vivre de la vie générale. Je cesserai donc ce journal, qui devient inutile à moi et à ceux de mes amis qui le liront avec quelque intérêt. Dans l’isolement plus ou moins complet où la guerre a tenu beaucoup de provinces, il n’était pas hors de propos de résumer chaque jour en soi l’effet du contre-coup des événements extérieurs. Très-peu parmi nous ont eu durant cette crise le triste avantage de la contempler sans égarement d’esprit et sans catastrophe immédiate. Je dis que c’est un triste avantage, parce que, dans cette inaction forcée, on souffre plus que ceux qui agissent. Je le sais par expérience ; en aucun temps de ma vie, je n’ai autant souffert !

Je n’ai pas voulu faire une page d’histoire, je