Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous inspire encore, accusons-le plutôt que de condamner la France. Repoussons avec indignation le système de défense de ceux qui nous disent qu’elle est perdue, parce qu’elle n’a pas voulu être sauvée. Ce serait le même mensonge qui a été prononcé à Sedan lorsqu’on nous a lâchement accusés d’avoir voulu la guerre. Dire que la France ne peut plus enfanter de braves soldats ni de bons citoyens, parce qu’elle a été bonapartiste, c’est un blasphème. Elle a proclamé la république à Paris avec un enthousiasme immense, elle l’a acceptée en province avec une loyauté unanime. Le premier cri a été partout :

— Vive la patrie !

Et tout le monde était debout ce jour-là. La France de toutes les opinions a offert ou donné sans hésitation le sang qu’elle avait dans les veines, l’argent qu’elle avait dans les mains. Le paysan le plus encroûté a marché comme les autres. Les sujets les plus impropres aux fatigues s’y sont traînés quand même, des mères ont vu partir leurs trois fils, des fermiers tous