Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/48

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devoir, c’était de refuser le démembrement ; l’honneur ne se discute pas.

Mais retarder indéfiniment les élections, ceci n’est pas moins risqué que la lutte à outrance, et il ne me paraît pas encore prouvé que le vote eût été impossible. Le droit d’ajournement ne me paraît pas non plus bien établi. Je me tais sur ce point quand on m’en parle. Nous ne sommes pas dans une situation où la dispute soit bonne et utile ; je n’ai pas d’ailleurs l’orgueil de croire que je vois plus clair que ceux qui gouvernent le navire à travers la tempête. Pourtant la conscience intérieure a son obstination, et je ne vois pas qu’il fût impossible de procéder aux élections, même après l’implacable réponse du roi Guillaume. Nous appeler tous à la résistance désespérée en nous imposant les plus terribles sacrifices, c’est d’une audace généreuse et grande ; nous empêcher de voter, c’est dépasser la limite de l’audace, c’est entrer dans le domaine de la témérité.

Ou bien encore c’est, par suite d’une situation