Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’aventurant sur le balcon. J’y renonce, et comme tout désagrément qu’on ne peut empêcher doit être tenu pour nul, je m’endors profondément au milieu d’un vacarme prodigieusement beau.

Nous faisons nos paquets, et nous partons demain sans savoir si nous trouverons un gîte à La Châtre. Les lettres mettent trois ou quatre jours pour faire les dix lieues qui nous séparent de notre ville. Ce n’est pas que la France soit déjà désorganisée par les nécessités de la guerre, cela a toujours été ainsi, et on ne saura jamais pourquoi. — Ce soir, je dis adieu de ma fenêtre au ravissant pays de Boussac et à ses bons habitants, qui m’ont paru, ceux que j’ai vus, distingués et sympathiques. J’ai passé trois semaines dans ce pays creusois, trois semaines des plus amères de ma vie, sous le coup d’événements qui me rappellent Waterloo, qui n’ont pas la grandeur de ce drame terrible, et qui paraissent plus effrayants encore. Toute une vie collective remise en question ! — On dit que cela peut