Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/98

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comme une richesse en commun. Pauvres chers enfants ! cent fois par jour, on se dit :

— Ah ! s’ils n’étaient pas nés ! si j’étais seul au monde, comme je serais vite consolé par une belle mort de cette mort lente dont nous savourons l’amertume !

Toujours cette idée de mourir pour ne plus souffrir se présente à l’esprit en détresse. Pourquoi cette devise de la sagesse antique : Plutôt souffrir que mourir ? Est-ce une raillerie de la faiblesse humaine qui s’attache à la vie en dépit de tout ? Est-ce un précepte philosophique pour nous prouver que la vie est le premier des biens ? — Moi, j’en reviens toujours à cette idée, qu’il est indifférent et facile de mourir quand on laisse derrière soi la vie possible aux autres, mais que mourir avec sa famille, son pays et sa race, est une épreuve au-dessus du stoïcisme.

Nous revenons dans l’Indre avec la pluie. D’autres bons amis nous donnent l’hospitalité. Mon vieux Charles Duvernet et sa femme nous ouvrent les bras. Ils ne sont point abattus ; ils