Page:Sand - Journal intime.pdf/123

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qu’un instinct puissant me force à vouloir reconnaître. Cette ressemblance vague, éloignée, mystérieuse, me tourmente quand même je ne me soucie ni du ressemblant ni du ressemblé, il faut que je ta trouve enfin. Mais elle est si imparfaite que je me demande encore comment j’ai pu la chercher et la pressentir. Alors pur la même liaison d’idées, je cherche et retrouve l’intermédiaire qui établit ce rapport, si positif, et pourtant si éloigné. Alors ma mémoire me présente un individu à moi connu, qui tient des deux autres, du ressemblé et du ressemblant, comme je me suis permis de dire tout à l’heure. Cet intermédiaire n’est pas toujours direct. Il est souvent rattaché à ses lieux extrêmes par d’autres intermédiaires qui tiennent de lui et de l’un ou de l’autre de ces extérieurs, si bien qu’une chaîne de types plus ou moins divers, mais montrant bien un type principal, se rétablit dans mon souvenir et m’explique comment l’étranger ne m’a point paru étranger. Cette ressemblance porte tantôt sur les traits, tantôt sur l’attitude, tantôt sur la voix, tantôt sur les habitudes du corps et de l’expression, tantôt sur toutes ces choses réunies, tantôt sur quelques-unes mais jamais sur moins de deux : autrement In ressemblance serait trop lointaine pour me frapper ; car je déclare que ceci n’est point chez moi une affaire d’imagination, mais affaire d’expérience et opération puérile peut-être