Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/157

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aux bras d’une femme dont la profession est de consentir et de détromper.

Je n’ai point cherché à faire rougir votre front, et vous avez raison de dire que le plaisir ne l’a pas souillé. Je vous aime, je vous estime aujourd’hui autant qu’hier. Je ne vois rien de changé en vous, sinon que vous avez appris et que vous avez souffert. Je vous plains, et ma tendresse s’en augmente. C’est moi qui serais humiliée et abaissée si je vous avais, comme Pulchérie, servi de flambeau pour descendre dans ces abîmes du néant et de la solitude. Un tel rôle répugne, je l’avoue, à mon orgueil ; mais c’est votre faute, il ne fallait pas m’adorer comme une divinité pour me demander ensuite d’être votre esclave et votre Sulamite.

Je n’ai pas désiré de vous vieillir et de vous transformer. Je n’ai pas, comme vous le croyez, résolu de vous inspirer du mépris pour les jouissances de la volupté. Je voudrais au contraire que vous les eussiez trouvées