Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/46

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beauté était compensée chez les uns par la faiblesse, que chez les autres la stupidité détruisait les avantages de la force, que nul n’était organisé pour la sécurité ou pour la jouissance complète, que tous avaient une mission de malheur à accomplir sur la terre, et qu’une nécessité fatale présidait à cet effroyable concours de souffrances, l’effroi me saisit ; j’éprouvai un instant le besoin de nier Dieu afin de n’être pas forcée de le haïr.

» Puis, je me rattachai à lui par l’examen de ma propre force, je retrouvai un principe divin dans cette richesse d’énergie physique qui, chez les animaux, supporte les inclémences de la nature ; dans cette puissance d’orgueil ou de dévouement qui, chez l’homme, brave ou accepte les impitoyables arrêts de la Divinité.

» Partagée entre la foi et l’athéisme, je perdis le repos. Je passai plusieurs fois dans un jour d’une disposition tendre à une disposition haineuse. Quand on est parvenu à se