Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/216

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dans tes yeux. Respire dans cette brise l’herbe et la prairie en fleurs. Je reconnais l’émanation de chaque plante, je les sens passer l’une après l’autre dans l’air qui les emporte. Maintenant, c’est le thym sauvage de la colline ; tout-à-l’heure, c’étaient les narcisses du lac, et à présent ce sont les géraniums du jardin. Comme les Esprits de l’air doivent se réjouir à poursuivre ces parfums subtils et à s’y baigner ! Tu souris, mon gracieux poëte, endors-toi ainsi.

— M’endormir ! dit Sténio d’un ton de surprise et de reproche.

— Pourquoi non ? N’es-tu pas calme, n’es-tu pas heureux maintenant ?

— Heureux ! oui ; mais calme ?

— Eh bien ! vous êtes un sot ! reprit-elle en le repoussant.

— Lélia, vous me rendez malheureux, laissez-moi vous quitter.

— Lâche ! comme vous craignez la souffrance ! Allez, partez !