Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/342

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n’ai pas encore dit : — Mon Dieu, c’est assez ! au lieu que toi, Lélia…

— Vous avez raison, dit Lélia avec abattement, moi j’ai tout épuisé…

— Tout, sauf le plaisir ! dit la courtisane, en riant d’un rire de bacchante qui la changea tout-à-coup de la tête aux pieds.

Lélia tressaillit et recula involontairement ; puis, se rapprochant avec vivacité, elle prit le bras de sa sœur.

— Et vous, ma sœur, s’écria-t-elle, vous l’avez donc goûté, le plaisir ? Vous ne l’avez donc pas épuisé ? Vous êtes donc toujours femme et vivante ? Allons, donnez-moi votre secret, donnez-moi de votre bonheur, puisque vous en avez !

— Je n’ai pas de bonheur, répondit Pulchérie. Je n’en ai pas cherché. Je n’ai pas, comme vous, vécu de déceptions. Je n’ai pas demandé à la vie plus qu’elle ne pouvait me donner. J’ai réduit toutes mes ambitions à savoir jouir de ce qui est. J’ai mis ma vertu à