Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/55

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que celle d’aimer ! De combien de poésie n’est-elle pas la source ? Qu’elle est chaleureuse, qu’elle est productive, la souffrance qu’on peut dire et dont on peut être plaint !

Mais celle qu’il faut renfermer sous peine d’infamie et de malédiction, celle qu’il faut cacher au fond de ses entrailles comme un amer trésor, celle qui ne vous brûle pas, mais qui vous glace, qui n’a point de larmes, point de prières, point de rêveries, celle qui toujours veille, froide, pâle, paralytique au fond du cœur ! celle que Trenmor a épuisée, c’est celle-là dont il pourra se vanter devant Dieu, au jour de la justice ; car devant les hommes il faut s’en cacher.

Écoutez l’histoire de Trenmor. Il est plus largement, plus richement organisé qu’aucun de vous. Pour lui la vie commune était trop petite ; aux ames comme la sienne l’univers n’offre pas assez d’alimens. Comme vous cependant il a été jeune, candide, amoureux ;