Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/22

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rit-elle donc même de notre culte et des créations angéliques dont notre cerveau maladif l’environne ? Hélas ! tout ceci est sombre et décourageant.

— C’est qu’il ne faudrait ni rêver, ni prier, dit Pulchérie ; il faudrait se contenter de vivre, accepter naïvement la croyance à un Dieu bon : cela suffirait à l’homme s’il avait moins de vanité. Mais l’homme veut examiner ce Dieu et réviser ses œuvres ; il veut le connaître, l’interroger, le rendre propice à ses besoins, responsable de ses souffrances ; il veut traiter d’égal à égal avec lui. C’est votre orgueil qui inventa la poésie et qui plaça entre la terre et le ciel tant de rêves décevans. Dieu n’est pas l’auteur de vos misères…

— Orgueil, confiance, reprit Lélia, ce sont deux mots différens pour exprimer la même idée ; ce sont deux manières diverses d’envisager le même sentiment. De quelque nom que vous l’appeliez, il est le complément