Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sage, et que vous vous êtes senti faible, que vous êtes venu fuir ici le regard brûlant de la femme ? Ou bien est-ce parce qu’ayant fini de combattre, ayant brisé l’orgueil de Satan, vous êtes venu vous reposer et dormir en paix sous les voûtes de ce cloître, comme sous le péristyle des cieux, en attendant que la mort vous ouvre les portes de la gloire éternelle ?

— Je suis un homme faible, répondit Magnus ; je n’ai pas terrassé le démon ; sans la grâce, je n’aurais pas même eu la force de fuir le danger ; sans la grâce je me sens encore si misérable, que j’irais sans doute affronter encore le péril où j’ai failli me briser.

— Ainsi, je vous le disais bien, vous n’êtes pas plus avancé qu’au premier jour de votre fuite.

— Ne dites pas cela, mon fils, n’est-ce rien que d’avoir le ferme désir de résister ?

— Ce n’est rien, mon père, répondit durement Sténio. Qu’est-ce que l’ambition sans la