Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/298

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celle dont le regard vous dévorait jadis, et lui parler avec calme du ciel que peut-être elle oublie, et de Dieu qui lui défend l’orgueil. Mais il n’en est pas ainsi ; vous êtes un martyr, vous n’êtes pas un saint. Vous auriez la force de sentir l’huile bouillante et le plomb fondu pénétrer dans vos veines sans renier le Christ, mais vous n’auriez pas celle de passer une nuit dans la chambre d’une femme, sans être emporté par les mauvais désirs. Oh ! c’est que la nature est plus forte que votre faible cerveau, parce que la nature est Dieu, parce que votre foi n’est qu’un rêve doré, une folle ambition poétisée par le génie d’un sectateur enthousiaste ! Mais pour l’homme qui a réfléchi, qui a senti, qui a vécu, qui a été au fond de toutes les réalités de la vie, il n’y a point de salut, point de consolation, point d’espoir dans vos livres et dans vos traditions.

— Ô mon fils ! ne parle pas ainsi ! s’écria le prêtre avec douleur.