Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/31

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ton de sarcasme qu’elle avait auparavant, et en prenant la main de Lélia dans un mouvement d’union sympathique ; c’est que les hommes sont grossiers. Vois-tu, ma sœur, dans notre vie de galanterie et de changement, il nous arrive, à nous autres, des choses semblables. Il arrive que nous sommes comblées des richesses de l’un, et que nous les faisons partager à l’autre. Le plus souvent nous haïssons celui qui nous aime assez pour nous payer, et nous payons celui qui nous aime assez lâchement pour être à nos gages. Mais l’homme est brutal, et ne sait pas où commence le dévouement de la femme, ni où il finit. Il ne sait pas qu’il est insensé d’accepter les dons d’un cœur aimant, sous l’œil d’un esprit délié : elle offre avec abandon, elle donne avec joie ; puis elle s’arrête étonnée, et méprise celui qui, étant le plus fort et le plus puissant, n’a pas rougi de recevoir. L’homme est stupide, et la femme est mobile. Ces deux êtres si