Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/44

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comme un lit moelleux. Je pris un orgueilleux plaisir à contempler cette obéissance passive d’une partie de moi-même et cette puissance prolongée de l’autre, cette sainte abnégation de la matière, et ce règne magnifique de la volonté calme et persistante.

» J’avais méprisé jadis la règle dans les études. En me l’imposant dans ma retraite, je m’étais flattée que mes pensées perdraient de leur vigueur. Elles doublèrent de force en s’organisant mieux dans mon cerveau. En s’isolant les unes des autres, elles prirent des formes plus complètes ; après avoir erré long-temps dans un monde de vagues perceptions, elles se développèrent en remontant à la source de chaque chose et prirent une singulière énergie dans l’habitude et le besoin des recherches. Ce fut là mon plus grand malheur ; j’arrivai au scepticisme par la poésie, au doute par l’enthousiasme. Ainsi l’étude systématique de la nature me conduisit également à louer Dieu et à le blasphémer. Auparavant