Page:Sand - L Autre.djvu/113

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JEANNE.

Mais si la vérité la brise ?…

CÉSAIRE.

La vérité fait quelquefois des brèches, le mensonge fait toujours des ruines. (Hélène entre absorbée.) Hélène ! comme elle est abattue, désolée… Je n’ose plus lui parler… Attendez, attendez, Césaire ! il me reste un dernier espoir.

Elle sort.
CÉSAIRE.

Qu’y a-t-il donc ? Jeanne agitée, Hélène nerveuse… C’est peut-être une épreuve ! elles s’entendent pour ça.




Scène IV


HÉLÈNE, CÉSAIRE.
CÉSAIRE.

Eh bien, Hélène… ma chère demoiselle… est-ce que… ? peut-être que Marcus… ? Vous ne doutez pas de son dévouement au moins ?

HÉLÈNE.

Je doute de tout aujourd’hui, Césaire, et je me sens comme seule dans l’univers détruit ! Dites-moi, mon ami… Oui, dites ! Tout le monde ici m’a donné l’exemple de la moralité, vous m’en avez défini les préceptes, vous ! J’ai cru la comprendre, la sentir en moi, et voilà que toutes mes notions sont troublées ; j’ai un voile noir sur l’esprit, un rocher sur le cœur ! Dites-moi donc, répondez-moi ! Est-on coupable… bien coupable d’aimer un autre homme que son mari ?