Page:Sand - L Autre.djvu/117

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humiliation étrange, mystérieuse ! Je ne suis pourtant coupable de rien, moi, et il me semble que je dois rougir d’exister !

Marcus entre et vient à Hélène.
HÉLÈNE.

Ah ! Marcus !

MARCUS.

Hélène, je sais la cause de ton découragement, je sais ton secret.

HÉLÈNE.

Ah ! c’est Jeanne qui l’a trahi !…

MARCUS.

Non.

HÉLÈNE.

Alors, c’est M. Maxwell ! Ah ! c’est mal ! Il n’avait pas le droit…

MARCUS.

Si ; les conseils qu’il t’a donnés sont bons. Tu ne peux affronter le scandale et le déchirement d’un tel procès. Il ne me convient pas plus qu’à toi de profiter d’une imposture de fait. Le mariage entre nous, dans de telles conditions, je ne l’admets pas ; mais il y a un moyen bien simple de nous débarrasser tous deux des scrupules qui nous séparent ; c’est de déchirer tous les écrits qui les causent, c’est de nous engager, vis-à-vis l’un de l’autre, à n’hériter de personne. Veux-tu accepter le seul bien qui me reste, le nom dont tu vas te laisser dépouiller et que je puis te rendre, ce nom que tu chériras toujours… le nom béni de ta grand’mère ?…

HÉLÈNE.

Elle n’est pas ma grand’mère, Marcus, et c’est là ma plus grande douleur. Il y a sur moi une tache ineffaçable, il y a un duel à mort, il y a du sang entre nous, sais-tu cela ?…