Page:Sand - L Autre.djvu/20

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ELSIE.

Pardon ! J’ai la fièvre, je ne sais pas toujours quels mots j’emploie. Je voulais dire qu’elle ne s’est jamais découragée ?…

JEANNE.

De respecter ses devoirs ? Jamais ! Mais l’expérience du malheur lui a donné la sublime indulgence.

ELSIE.

Oui. Ses lettres m’ont toujours rassurée et consolée. Elle m’appelait, elle m’attendait aussi. Ah ! si je pouvais partir avec vous ! Dites-moi, c’est un beau pays, la Provence ?

JEANNE.

Il y fait chaud, même en cette saison.

ELSIE.

Est-ce que, si je mourais sans revoir ma fille ?… On ne contrariera jamais son inclination, n’est-ce pas ?

JEANNE.

Au nom de ma chère dame que je connais bien, je vous jure que non.

ELSIE.

Et l’enfant ne s’ennuiera pas ? elle ne sera pas trop seule ?

JEANNE.

Elle aura un protecteur, un compagnon, le jeune Marcus de Mérangis, petit-neveu de madame, orphelin qu’elle a recueilli et qu’elle élève. Nous ne sommes qu’à une lieue de la ville. Le médecin, le précepteur, le maître de musique viennent tous les jours. Votre fille sera soignée, instruite, aimée ; et, au printemps prochain, vous serez plus forte, madame, vous viendrez vous assurer de tout cela. S’il faut revenir vous chercher, voilà que je connais le chemin et je vous soignerai avec tout le dévouement que vous savez inspirer à première vue.