Page:Sand - L Autre.djvu/90

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MARCUS.

Chagrin, moi ? jamais. Je vous fais mes adieux, Césaire, me voilà décidément emballé !

CÉSAIRE.

Est-ce possible ?…

MARCUS.

Cela est. Pardonnez-moi, mon cher Césaire, toute la peine que je vous ai donnée autrefois ; j’ai mal profité de votre grande instruction et les pharaons de n’importe quelle dynastie m’ont laissé plus froid que la pierre de leurs pyramides ; mais, ce qui m’est resté dans la mémoire et dans le cœur, c’est votre patience… c’est votre bonté et votre amitié. Allons, adieu !

CÉSAIRE, ne pouvant retenir ses larmes.

Adieu !… Comment ! c’est donc vrai, tu t’en vas ?… Vous vous en allez comme ça ? Oh ! mon cher enfant !

MARCUS.

Eh bien, quoi ? vous pleurez ! c’est ridicule, c’est abs… (Il se jette dans ses bras en sanglotant.) Ah ! tenez, mon ami, c’est affreux de quitter une maison où l’on a été si heureux !

CÉSAIRE.

Et si aimé !

MARCUS.

Parce que vous êtes tous aimants, ici ! Moi…

CÉSAIRE.

Vous, vous êtes aimant aussi, puisque vous pleurez.

MARCUS.

Bah ! c’est par égoïsme…

CÉSAIRE.

Vous n’êtes pas égoïste, puisque vous craignez de l’être. D’ailleurs, tous les enfants ont un peu de ça, c’est leur droit… On ne leur demande que d’être heureux.