Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/23

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frayé sur la glace du lac, et en nous conseillant d’aller au château vieux. Le chemin n’était pas joli, j’en conviens, à travers ces tourbillons de neige ; mais il n’est pas long. Dix minutes de marche tout au plus !

— Il faut pourtant que tu te décides à repasser ce bout de lac, si tu veux souper.

— Et si on nous renvoie de la ferme comme on nous a renvoyés du château neuf ? On nous dira peut-être qu’il y a trop de monde à nourrir, et qu’il ne reste pas un morceau de pain pour des gens faits comme nous.

— La vérité est que nous n’avons pas bonne mine. C’est ce qui me fait craindre d’être reçu à coups de fusil par ce bon M. Stenson, le vieux régisseur qui demeure quelque part ici, et qui est fort maussade, à ce qu’on assure ; mais écoute, Puffo : ou le bonhomme dort serré, puisque nous avons pu enfoncer la porte du préau et arriver jusqu’à cette chambre sans obstacle, ou le vent fait un bruit qui couvre tout. Eh bien, nous allons nous introduire furtivement dans sa cuisine, et c’est bien le diable si nous n’y trouvons pas quelque chose.

— Merci, dit Puffo, j’aime encore mieux repasser le lac et aller à la ferme. Là, les gens, quoique affairés, étaient fort polis, tandis que le vieux Stenson est méchant et rageur, à ce qu’il paraît.