Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/60

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ralentir le poêle, et M. Goefle se sentait remis en possession de sa belle humeur naturelle, lorsque Nils commença à prendre des poses molles et brisées qui témoignaient d’une subite invasion de sommeil.

— Secoue-toi un peu, lui dit l’avocat ; il s’agit de manger. Tu dois avoir faim.

— Hélas ! oui, monsieur Goefle, répondit l’enfant ; mais j’ai tant envie de dormir, que je ne pourrai jamais attendre que vous soyez servi et que vous ayez fini de manger. Tenez, voilà du pain et des confitures de mûres sauvages ; laissez-moi en goûter un peu ; après ça, j’aurai la force de vous servir.

M. Goefle ouvrit lui-même le pot de confitures, et Nils s’assit sans façon à la place destinée à son maître, tandis que celui-ci chauffait ses pieds refroidis par le voyage à l’écurie. M. Goefle était aussi actif d’imagination que de paroles. Quand il n’avait plus occasion de causer, il travaillait dans son esprit ou partait joyeusement pour d’agréables rêveries, si bien qu’au bout d’un quart d’heure, la faim le tiraillant de nouveau, il se retourna pour voir si Ulph était enfin de retour avec quelque plat plus solide que les confitures ; mais il ne vit que le petit Nils profondément endormi, la tête sur la table et le nez dans son assiette.