Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/289

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M. Goefle, de cacher ma figure aux gens qui m’inspirent de la confiance et de l’affection.

— Quoi ! s’écrièrent ensemble le major et son lieutenant, Christian Goefle, notre ami d’hier au soir ?

— Non, Christian Waldo, qui avait volé le nom de M. Goefle, et à qui M. Goefle a bien voulu pardonner une grande impertinence. Dès cette nuit, je vous avais reconnu, major.

— Ah ! très-bien. Vous avez assisté au bal en dépit des préjugés du baron, lequel n’avait peut-être pas eu le bon esprit de vous inviter à y paraître.

— Ce n’est l’usage en aucun pays d’inviter comme convive un homme payé pour faire rire les convives. Je n’aurais donc pas eu lieu de trouver mauvais que l’on me mît à la porte, et je m’y suis exposé, ce qui est une sottise. Pourtant, j’ai une excuse : je voyage pour connaître les pays que je parcours, pour m’en souvenir et pour les décrire. Je suis une espèce d’écrivain observateur qui prend des notes, ce qui ne veut pas dire que je sois un espion diplomatique. Je m’occupe de beaux-arts et de sciences naturelles plus que de mœurs et de coutumes ; mais tout m’intéresse, et, ayant ailleurs déjà vécu dans le monde, il m’a pris envie de revoir le monde, chose curieuse, le monde avec tout son luxe, au fond des montagnes, des lacs et des glaces d’un pays en apparence inabor-