Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/101

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paroisse ne trouve rien de mauvais en elle, et dit que, puisqu’elle a besoin de courir en dormant, il faut la laisser courir. D’ailleurs, elle a dit elle-même qu’elle mourrait, et qu’il arriverait de grands malheurs si on la renfermait. Voilà pourquoi elle va où elle veut, et mon père dit encore qu’il vaut mieux ne pas savoir où elle va, parce qu’elle a des secrets qu’on lui ferait manquer, si on la suivait et si on la regardait.

— Et il ne lui est jamais arrivé d’accidents, quand elle court ainsi dehors tout endormie ?

— Jamais, et peut-être ne dort-elle pas en courant ; comment le saurait-on ? Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on est quelquefois trois jours et trois nuits sans savoir si elle reviendra ; mais elle revient toujours, quelque temps qu’il fasse, et, aussitôt qu’elle a dormi et rêvé, elle n’est plus malade, et prophétise des choses qui arrivent. Tenez, ce matin… Mais mon père m’a défendu de le répéter !

— Si tu me le dis, Olof, c’est comme si tu le disais à ces pierres !

— Jurez-vous sur la Bible de ne pas le répéter

— Je le jure sur tout ce que tu voudras.

— Eh bien, reprit Olof, qui, peu habitué dans la solitude de sa montagne à trouver à qui parler, était heureux d’être écouté par une personne sérieuse,