Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/102

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voici ce qu’elle a dit en s’éveillant au point du jour : « Le grand iarl va partir pour la chasse. Pour la chasse, le iarl et sa suite vont partir. » Le iarl ! vous savez bien ? c’est le baron de Waldemora.

— Ah ! ah ! il est allé à la chasse, en effet ; mais votre tante pouvait l’avoir appris.

— Oui, mais le reste, vous allez voir : « Le iarl laissera son âme à la maison ; à la maison, il laissera son âme. » Attendez… attendez que je me rappelle le reste… ; elle chantait cela…, je sais l’air, l’air me fera retrouver les mots.

Et Olof se mit à chanter sur un air à porter le diable en terre :

— « Et, quand le iarl reviendra à la maison pour reprendre son âme, l’âme du iarl ne sera plus à la maison. »

Au moment où le jeune Dalécarlien achevait ces mots mystérieux, un traîneau lancé à fond de train venait derrière le sien, et la voix retentissante d’un cocher criait : « Place ! place ! » d’un ton impérieux, tandis que sa main fouettait ses quatre chevaux, que l’odeur des ours emportés par Christian épouvantait de loin. On était sorti de la montagne, et on se trouvait sur le chemin étroit qui se dirigeait vers le lac. Christian, pressentant qu’on le culbuterait s’il ne se rangeait pas, et ne voyant aucun moyen de se ranger