Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/110

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saignée fait bon effet, venez, venez voir, monsieur le professeur ; mais il ne faut pas abuser du remède : il est en ce moment aussi sérieux que le mal.

Christian avait pris dans ses mains, non sans une mortelle et inexplicable répugnance, le bras pesant et froid du baron, tandis que le médecin fermait la saignée. Le malade ouvrait les yeux, et il chercha bientôt à se reconnaître. Son premier regard fut pour l’étrange lit où il était couché, le second pour son bras ensanglanté, et le troisième pour son médecin tremblant.

— Ah ! lui dit-il d’une voix faible et d’un ton méprisant, vous m’ôtez du sang ! Je vous l’avais défendu.

— Il le fallait, monsieur le baron ; vous voilà beaucoup mieux, grâce au ciel ! répondit le docteur. Le baron n’avait pas la force de discuter. Il promenait avec effort autour de lui des regards éteints où se peignait une sombre inquiétude. Il rencontra la figure de Christian, et ses yeux dilatés s’arrêtèrent sur lui comme hébétés ; mais, au moment où Christian se penchait vers lui pour aider le médecin à le soulever, il le repoussa d’un geste convulsif, et la faible coloration qui lui était revenue fit place à une nouvelle pâleur bleue.

— Rouvrez la saignée, s’écria Stangstadius au docteur. Je voyais bien que vous la fermiez trop tôt. Ne