Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/16

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moins rondes, mais entourées d’auréoles irisées d’une beauté merveilleuse. Comme nos chasseurs marchaient dans le sens opposé, ils s’arrêtèrent quelques instants pour jouir de cet effet d’optique, qui a beaucoup de rapport avec l’arc-en-ciel, quant à ses causes présumées, mais qui ne se produit guère, en Europe, que dans les pays du Nord.

On suivit d’abord une belle route, puis cette même route devenue un chemin étroit et inégal à travers les terres, puis ce chemin devenu sentier, puis le terrain, inculte et raboteux, n’offrant plus que de faibles traces frayées dans la neige des collines. Enfin Larrson, qui connaissait parfaitement le pays et les ressources du traîneau qu’il conduisait, se lança dans des aspérités effrayantes au flanc des montagnes, côtoyant des précipices, glissant à fond de train dans des ravines presque à pic, franchissant des fossés au saut de son cheval, escaladant par-dessus des arbres abattus et des rochers écroulés, sans presque daigner éviter ces obstacles, qui semblaient à chaque instant devoir faire voler en éclats le traîneau fragile. Christian ne savait lequel admirer le plus de l’audace du major ou de l’adresse et du courage du maigre petit cheval qu’il laissait aller à sa guise, car l’instinct merveilleux de l’animal ressemblait au sens de la seconde vue. Deux fois pourtant