Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/173

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que j’en acquière… Où ? comment ? Laissez-moi réfléchir… si je peux ! car il y a ici de quoi perdre la tête… Des papiers à cacher, Stenson en danger… nous aussi peut-être ! Pourtant… Ah ! oui, tenez, Christian, je voudrais bien être sûr que c’est à vous que l’on en veut, car alors je saurais bien positivement qui vous êtes.

— Il est facile de s’assurer des intentions que vous supposez au baron. Je vais sortir, comme si de rien n’était, pour ma représentation, et, si l’on m’attaque, comme aujourd’hui je suis bien armé, je tâcherai de confesser mes adversaires.

— Je crois, en effet, dit M. Goefle, qui avait enfin réussi à cacher les lettres, qu’il vaut mieux courir la chance d’une mauvaise rencontre sur le grand espace du lac que d’attendre ici qu’on nous prenne au gîte. Il est déjà neuf heures ; nous devions être là-bas à huit ! Et on ne vient pas savoir pourquoi nous sommes si en retard ! C’est singulier ! Attendez, Christian ! Votre fusil est-il chargé ? prenez-le ; moi, je prends mon épée. Je ne suis ni un Hercule, ni un spadassin ; mais j’ai su autrefois me servir de cela comme tout autre étudiant, et, si on nous cherche noise, je ne prétends pas me laisser saigner comme un veau ! Promettez-moi, jurez-moi d’être prudent, c’est tout ce que je vous demande.