Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/188

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enfin la liberté d’agir, s’était élancé sur le premier qui s’était trouvé devant lui ; mais celui-ci, qui, trompé par le brouillard, ne le croyait sans doute pas si près, prit la fuite, et Christian le poursuivit en le bravant et en l’injuriant, tandis qu’un autre bandit le suivait rapidement sans rien dire. Christian entendit derrière lui le bruit sec des pas de l’assassin sur la neige durcie, et il lui sembla entendre aussi, à travers le sang que la colère faisait gronder dans ses oreilles, d’autres pas et d’autres voix venant sur lui à droite et à gauche. Il comprit rapidement qu’il était traqué, et, conservant assez de présence d’esprit pour savoir ce qu’il faisait, il s’acharna à la poursuite du premier assaillant, jugeant qu’il ne devait pas se retourner avant de s’être débarrassé de celui-ci, qui pouvait venir l’attaquer par derrière lorsqu’il aurait à faire face aux autres. En outre, il ne perdait pas de vue sa résolution d’éloigner l’affaire du Stollborg.

Christian descendit ainsi le roidillon du préau, dont il trouva la porte ouverte, et, à vrai dire, la pente rapide que ses pieds rencontrèrent fut le seul indice certain qu’il pût avoir de la direction qu’il prenait. Mais, au moment où il se sentit sur la glace unie du lac, d’autres détonations partirent de derrière lui, des balles sifflèrent à son oreille, et il vit