Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/20

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beaucoup d’heures à perdre dans la vie. En m’habillant et en venant du Stollborg jusqu’à vous, une bonne et simple vérité m’est apparue. C’est qu’en voulant résoudre le problème du métier ambulant, je m’étais trompé. J’avais raisonné en enfant gâté de la civilisation. Je m’étais réservé des jouissances de sybarite. Vous allez me comprendre…

Ici, Christian, sans raconter au major les faits de sa vie, lui esquissa en peu de mots les aptitudes, les besoins, les défaillances et les progrès de sa vie intellectuelle et morale, et, quand il lui eut fait comprendre comment il avait essayé de se faire artiste pour ne pas cesser de se consacrer au service actif de la science, il ajouta :

— Or, mon cher Osmund, pour être artiste, il faut n’être que cela, et sacrifier les voyages, les études scientifiques et la liberté. Ne voulant pas faire ces sacrifices, pourquoi ne serais-je pas tout simplement l’artisan sans art que tout homme bien portant peut être à un moment donné de sa vie ? Je veux étudier les flancs de la terre : ne puis-je me faire mineur, un mois durant, dans chaque mine ? Je veux étudier la flore et la zoologie : ne puis-je m’engager pour une saison comme pionnier ou chasseur dans un lieu donné, et pousser plus loin à la saison suivante, utilisant, pour vivre pauvrement, mes bras et