Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/202

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insolite avait un vif sujet d’inquiétude. Marguerite se demandait si, à la suite du changement nécessité dans le programme des plaisirs du château neuf par l’absence des burattini, sa tante ne se mettrait pas à sa recherche, et si mademoiselle Potin elle-même ne partagerait pas son étonnement et sa frayeur en constatant l’absence de Martina, avec qui elle l’avait laissée. Martina se tourmentait moins des angoisses de sa famille. Positive en ses raisonnements, elle se disait que le château était bien grand ; que sa mère, parfaitement sûre d’elle et aimant le jeu, n’avait pas l’habitude de la chercher quand elle courait avec ses jeunes compagnes de salle en salle ; qu’enfin, d’un instant à l’autre, l’arrivée des autres officiers allait la délivrer ; mais, quand elle songeait au petit nombre des défenseurs du Stollborg, elle s’inquiétait pour son fiancé et trouvait le secours bien lent à venir.

Christian s’inquiétait pour Marguerite, sans trop songer désormais à sa propre destinée. Le major s’inquiétait pour Christian et pour lui-même ; il ne cessait de répéter tout bas au lieutenant qu’il trouvait l’affaire mal engagée pour être portée devant un tribunal. Le lieutenant s’inquiétait de voir le major inquiet. Quant à M. Goefle, il s’alarmait pour le vieux Stenson, et cela le conduisait à retomber dans ses