Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/209

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rigoureusement mon devoir. Il a été tué, ce soir, un homme, qu’il vaudrait mieux certes tenir vivant. Je sais bien que vous n’y êtes pour rien et que vous avez été blessé… Vous êtes vif, vous êtes brave et généreux ; mais vous n’êtes pas prévoyant quand il s’agit de vous-même. Moi, je dis que cette affaire-ci peut vous mener à l’échafaud, parce que vous avouerez loyalement le fait de provocation à vos ennemis, tandis que les drôles nieront tout effrontément !… Lisons donc, et ne négligeons aucun moyen pour faire triompher la vérité.

— Oui, oui, major, lisez, j’écoute, s’écria Marguerite, qui était devenue pâle en regardant la manche ensanglantée de Christian ; je témoignerai, dussé-je y perdre l’honneur !

Christian ne pouvait accepter le dévouement de cette noble fille, et il supportait impatiemment l’autorité que le major s’arrogeait sur elle. Le major avait pourtant raison, et Christian le sentait, puisqu’en cette affaire l’honneur de l’officier n’était pas moins en jeu que le reste. Il s’assit brusquement, et couvrit sa figure de ses mains pour cacher et retenir les mouvements impétueux qui l’agitaient, tandis que le major faisait lecture à haute voix du journal de maître Johan, écrit par lui-même et envoyé au baron durant la chasse.