Karine, sentant la fenêtre ouverte, s’en approcha.
— C’est ici ! dit-elle, c’est par ici que Karine Bœtsoï a fait envoler l’enfant.
Et elle se mit à chanter le refrain de la ballade que Christian avait entendue dans le brouillard : « L’enfant du lac, plus beau que l’étoile du soir… »
— C’est une chanson que votre maîtresse vous a apprise ? lui demanda M. Goefle.
Mais Karine ne semblait entendre que la voix de Christian.
Martina Akerstrom se chargea de la réponse.
— Oui, oui, dit-elle, je la connais, moi, cette ballade : elle a été composée autrefois par la baronne Hilda. Mon père l’a trouvée dans des papiers saisis au Stollborg, et laissés au presbytère par son prédécesseur. Il y avait aussi des poésies Scandinaves, traduites en vers et mises en musique par cette pauvre dame, qui était fort savante et très-grande artiste en musique. On avait voulu faire de cela des preuves contre elle, comme si elle eût pratiqué le culte des dieux païens. Mon père a blâmé la conduite de l’ancien ministre, et il a précieusement gardé les manuscrits.
— À présent, Karine, dit M. Goefle à la voyante, qui était retombée dans une sorte d’extase tranquille, ne nous diras-tu plus rien ?