Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/236

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débattait dans les bras de Johan, de Jacob, du médecin et du pasteur Akerstrom. Ces quatre personnes avaient à peine la force d’empêcher qu’il ne se jetât hors de son lit pour se rouler sur le plancher. La crise qu’il subissait était si poignante, et les gens qui l’entouraient si absorbés, qu’ils ne s’aperçurent pas du bruit que Christian avait fait pour entrer, et ne se retournèrent qu’au moment où le moribond, dont la figure était tournée vers lui, s’écria avec un accent de terreur impossible à rendre :

— Voilà… voilà… voilà mon frère !

En même temps, sa bouche se contracta, ses dents coupèrent sa langue, d’où le sang jaillit. Il se rejeta en arrière par un mouvement si brusque et si violent, qu’il échappa aux mains qui le soutenaient, et tomba, la tête en arrière, contre le mur de son alcôve, avec un bruit affreux. Il était mort.

Tandis que le ministre, le médecin et l’honnête Jacob échangeaient, terrifiés, la parole suprême : C’est fini ! Johan, conservant une présence d’esprit extraordinaire, avait regardé et reconnu Christian. L’attentat du Stollborg, dont il attendait depuis une heure le résultat avec tant d’impatience, sans pouvoir quitter le mourant, avait donc échoué. Johan se sentit perdu. Il n’y avait pour lui, en ce moment, de salut que dans la fuite, sauf à faire plus tard sa sou-