Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/241

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Et la chambre du défunt devint le théâtre d’une scène de tumulte et de scandale, les valets s’étant précipités sur Christian, qui ne pouvait se défendre, car le ministre s’était mis devant lui pour lui faire un rempart de son corps, en jurant qu’on le tuerait lui-même avant d’accomplir un meurtre en sa présence.

Le médecin, Jacob et deux des héritiers, un vieillard et son jeune fils, se mirent du côté de Christian, par respect pour le ministre et par loyauté naturelle ; Stangstadius, espérant calmer les passions par l’autorité de son nom et de son éloquence, s’était jeté entre les combattants, qui n’en tenaient compte et le refoulaient sur Christian, si bien que le jeune homme, plus empêché que secouru par ce petit groupe de faibles champions, se voyait repoussé pas à pas vers la fenêtre, que Johan, l’œil en feu et la bouche baveuse de rage, venait d’ouvrir en vociférant, pour ne pas laisser refroidir l’ivresse de la peur chez ses acolytes.

En regardant cet homme affreux, qui jetait enfin le masque de son hypocrite douceur et laissait voir le type et les instincts d’un tigre, le ministre et le médecin, frappés de terreur, eurent comme un moment de vertige et tombèrent, plus qu’ils ne reculèrent, sur Christian, tandis que deux des plus déterminés coquins saisissaient adroitement ses