Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/266

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elle était bien traitée, lui dire qu’elle était folle et l’accabler de reproches outrageants sur la prétendue ruse qu’il avait fait échouer. Toute la ruse, et Dieu l’a protégée ! fut d’amener ce persécuteur, à force de patience et de silence, à croire qu’en effet madame s’était trompée sur son état, et qu’il n’avait rien à craindre de l’avenir.

» De son côté, le pasteur Mickelson, non moins cruel et non moins importun, vint jusqu’au pied du lit de mort de madame, lui dire qu’ayant vécu dans les pays du papisme, elle était imbue de mauvaises doctrines, et il la menaça cent fois de l’enfer, au lieu de lui donner les consolations et les espérances auxquelles a droit toute âme chrétienne.

» Enfin il est sorti une heure avant qu’elle rendît le dernier soupir, et elle a expiré dans nos bras, le quatrième jour de Noël, à quatre heures du matin, en disant ces paroles :

» — Mon Dieu ! rendez une mère à mon fils !

» Nous attestons qu’elle est morte comme une sainte, sans avoir eu un seul instant de colère, de délire, ou seulement de doute religieux.

» Après lui avoir fermé les yeux, nous avons arrêté la pendule et soufflé la bougie de Noël qui brûlait dans le lustre, en demandant à Dieu qu’il nous permît de voir pousser cette aiguille et rallumer