Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/71

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noncez à la chasse, herr Christian, car, aussi vrai que je me nomme Bœtsoï, je vous laisse seul avec le malin.

— Maître Bœtsoï, répondit Christian avec calme, cette menace m’effraye beaucoup moins que la crainte de vous affliger. Je vous permets de me laisser seul avec le malin, si bon vous semble : je tâcherai d’être plus malin que lui ; mais je vous prie de ne pas emporter de moi une mauvaise opinion. Nous reprendrons cet entretien, je l’espère, et vous comprendrez que jamais la pensée d’outrager l’honneur de votre famille n’a pu entrer dans mon esprit.

— C’est bien, reprit le danneman ; alors parlons du malin. Ou il fuira lestement avant que nous ayons gagné sa tanière, et alors tu tireras sur lui, ou il acceptera le combat et se lèvera debout. Tu sais bien où est la place du cœur, et, avec ce bon couteau, il faudrait que la main te tremblât pour le manquer. Fais attention à une seule chose, c’est qu’il ne désarme pas ta main droite avant d’avoir saisi ton bras gauche, car il voit très-bien les armes, et il a plus de raisonnement qu’on ne pense. Vas-y donc doucement et tranquillement, sans te presser. Tant que le malin n’est pas blessé, il n’est pas insolent, et il ne sait pas bien ce qu’il veut faire. Quelquefois il grogne et se laisse approcher. Quant à moi, j’ai coutume de lui parler et de lui promettre de ne lui faire