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LXVIII

Elle cria de nouveau d’une voix mal assurée ; mais elle ne put dire les paroles consacrées par le rite : sa mémoire les avait perdues. En ce moment elle vit la reine auprès d’elle. « Tout est accompli, Zilla ; je ne suis plus reine. Mon peuple se disperse et me quitte ; regarde ! … » La lune, qui se dégageait des nuées troubles, fit voir à Zilla de longues files mouvantes qui gravissaient les hauteurs perdues dans la brume et s’y perdaient à leur tour comme des rêves évanouis.

LXIX

Vers le nord, c’était le lent défilé des anciennes procession de noires fourmis qui se collaient aux rochers, si compacte que l’on n’en distinguait pas le mouvement insensible. Celles-là fuyaient le voisinage de l’homme, leur ennemi, et s’en allaient chercher dans les glaces du pôle le désert sans bornes et la solitude sans retour. Vers le sud, les jeunes couraient haletantes, disséminées, ne tournant aucun obstacle, se pressant comme pour escalader le ciel. Celles-ci voulaient conquérir une