Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/278

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Liszt a composé pour le piano, sur ce thème répandu et immortalisé chez nous par les dernières années de la Malibran, un rondo fantastique qui est une de ses plus brillantes et plus suaves productions. Après une introduction pleine d’éclat et de largeur, l’air national, d’abord rendu avec toute la simplicité du texte, passe, et par une suite de caractères admirablement gradués, de la grâce enfantine à la rudesse guerrière, de la mélancolie pastorale à la fureur sombre, de la douleur déchirante au délire poétique. Soudain, au milieu de toute cette agitation fébrile, une noble prière admirablement encadrée dans de savantes modulations, vous élève vers une sphère sublime ; mais, même dans cette atmosphère éthérée, les bruits lointains de la vie, les chants, les pleurs, les menaces, les cris de détresse ou de triomphe, cris de la terre ! vous poursuivent. Arraché à l’extase contemplative, vous redescendez dans la fête, dans le combat, dans les voix d’amour et de guerre ; puis la poésie vous en retire encore ; la voix mystérieuse et toute-puissante