Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/300

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LE CHŒUR.

Poursuis, poursuis, chanteur inspiré ! Bravons les esprits infernaux ; remplissons les coupes de la joie !

LE VOYAGEUR.

(Il chante.) Moi qui suis un vil meurtrier, je mène une affreuse vie ; je me cache la nuit dans les cavernes inaccessibles, et le jour je me hasarde à la lisière des forêts pour cueillir quelques fruits amers et saisir quelques sons lointains de la voix humaine ; mes pieds sont déchirés ; mon front est sillonné comme celui de Caïn ; ma voix est rauque et terrible comme celle des torrents qui sont mes hôtes ; mon âme est déchirée comme les flancs des monts qui sont mes frères, et quand l’heure fatale est marquée à l’horloge céleste pour le lever de l’étoile sanglante… oh ! alors… le spectre noir me fait signe de le suivre, et là jusqu’au coucher de l’étoile, je marche, je cours à travers les rochers, à travers les épines, à travers les précipices à la suite du fantôme… Marche,